Danse des Chevaliers [Surveillé par Théodore]

Peut-on vraiment parler d'heures supplémentaires quand on est professeur de musique? Il n'empêche que ce soir là, Théodore Gounod était de surveillance pour le bal des amoureux organisé par l'Académie. Les soirées mondaines, il connaissait. La musique classique, les danses anciennes dans la plus pure tradition kalosienne, l'élégance et le raffinement des costumes de la noblesse lors de ces soirées fastes où les mièvreries coulaient plus que l'alcool.
Il ne doutait pas que les soirées ici avait un autre goût, une autre saveur. Moins épicée, plus métallique. Il grimaça légèrement en entendant la musique qui passait. On était loin des classiques d'antan qu'il se plaisait à jouer et sur lesquels il avait danser avec les plus belles duchesses d'Illumis. Il se demandait même comment on pouvait danser sur ces rythmes étranges. Ce n'était pas dissonant, juste... inadapté.
Pour l'occasion, il avait revêtu une de ses tenues les plus chics. Un ensemble de soie fine d'une blancheur immaculée qui aurait fait pâlir d'envie les services de marketing des grandes marques de dentifrice. Chaque couture, que ce soit sur le pantalon ou la chemise, était accentuée de fils carmins qui s'entrelaçaient dans un élégant ballet. Carmin, c'était également la couleur de sa cravate bouffante. Une longue cape qui lui arrivait aux genoux flottait docilement dans son dos au grès de ses mouvements. A sa ceinture se trouvait une discrète sacoche de cuir noir contenant le minimum de ses effets personnels, Pokeballs comprises.
Pour se conformer aux règles dictées aux élèves, il avait revêtu un masque qu'il portait souvent lors des soirées de Kalos. Un loup blanc très simple, surmonté de touches rouge comme sa tenue, qui reflétait légèrement la lumière et ne masquait que le haut de son visage, laissant visible son si gracieux sourire. Il ne cherchait pas à masquer son identité, et de toute façon, l'Eoko qui flottait à côté de lui le trahissait quoi qu'il advienne. Même ce dernier s'était légèrement costumé, rajoutant un nœud papillon.

Prenant son rôle de surveillant à cœur, le professeur de musique alla se placer dans un coin, un peu à l'écart des enceintes, pour observer les élèves.

Pour le moment, les élèves étaient plutôt calme. Théodore remarqua, amusé, qu'il y avait un peu plus de garçons que de filles. Sûrement du retard dû à la préparation -il connaissait, c'était la même chose aux soirées mondaines d'Illumis. Ce n'était pas sexiste en soit, mais vu la taille des robes des comtesses et duchesses, et le fait qu'il fallait être au moins deux pour les aider à les enfiler, ce n'était pas étonnant. Doucement, Théodore commençait à fredonner la musique étrange qui passait. Diapason se balançait en rythme. Définitivement, cette musique n'était pas dérangeante, juste inapproprié pour la danse à son propre avis.

Deux nouveaux élèves entrèrent dans la salle, sous le regard du professeur. Deux jeunes demoiselles. Si Théodore ne les avait jamais eu dans son cours, il avait appris à connaître le nom de la plupart des élèves soit par ses collègues, soit au détour des couloirs de l'école ou du parc, où il aimait se balader. Même masquées, il n'eut aucun mal à reconnaître le duo devant lui. Hormis la coiffure et la couleur des habits, il avait clairement devant lui des jumelles. Et il n'y avait pas trente mille couples de jumelles dans cette académie. Celle en rouge, qu'il reconnue comme étant Sayuu -c'était facile, vu la démarche de sa sœur avec des talons et comment il les voyait habillées d'habitude, lui tendit une boîte de chocolat. Ah oui, les fameux chocolats confectionnés par le professeur de botanique, ce cher Viktor. En retour, Théodore (Archibald Childebert, surnommé TAC quand il était jeune, si vous voulez tout savoir /sbaff/) sourit en prenant la boîte.

"Je vous remercie, mesdemoiselles, pour ce présent. Cela va plaire à Diapason ci-présent. Ce petit garnement adore le chocolat, il en mange bien plus que moi..."

Il ouvrit la boîte pour contempler les créations des élèves. Diapason tintinnabula joyeusement, attendant fébrilement l'approbation de son maître. Quand ce dernier lui tendit un des chocolats, il croqua dedans puis se mit à virevolté en faisant un looping.

"Je crois que vos chocolats sont un vrais succès! dit Théo en riant. Et croyez moi, il en faut pour le contenter! Merci à nouveau, c'est très gentil à vous. Dansez, ne faites pas de bêtises et amusez-vous!"

Il posa la boîte de chocolat à côté, non sans en piocher un pour lui avant. Il faisait attention à ne pas tâcher son costume, mais la gourmandise, que voulez-vous... Il eut un regard peiné cependant pour Yoko.

"Vous pensez arriver à danser avec ses chaussures? Je vous sens au bord de la rupture. Soignez vos chevilles, mademoiselle, il serait dommage d'avoir une attelle..." conclut-il avec un sourire.